Voici la liste de nos interventions au conseil municipal du 19 juin 2023. Les interventions au conseil métropolitain seront ajoutées lundi 26 juin.
Comptes 2022 de la ville de Dijon : un bilan en trompe-l’œil
Ce compte administratif et ce compte de gestion sont l’occasion de constater le bilan en trompe-l’œil de la municipalité à mi-mandat, et après plus de 20 ans d’exercice du pouvoir. Derrière la vitrine du centre-ville piéton minéral et de la Cité de la gastronomie, il y a les réalités concrètes de tous les quartiers de la ville. Les Dijonnais ne sont plus dupes, et voient bien dans leur quotidien que la propagande municipale et son autosatisfaction permanente ne parvient pas masquer la réalité.
Dans les faits, il ressort une dégradation du patrimoine sous toutes ses formes (bâtiments, monuments historiques, voirie, écoles, gymnases, bâtiments municipaux…), faute d’entretien, d’investissement et de renouvellement régulier. Paradoxalement, la trésorerie accumulée est à un niveau anormalement élevé, de 80 millions d’euros. Comment expliquer que cet argent dorme, tout en n’étant même pas rémunéré par l’État. Il est inemployé, alors que les besoins, constatés chaque jour, sont énormes. Votre municipalité est rattrapée par son bilan : les interventions deviennent urgentes dans les écoles, dans les équipements sportifs et les gymnases, au parc des expositions, dans la voirie. L’agenda de la ville est maintenant dicté par les urgences.
Il est d’ailleurs à signaler que la dégradation du patrimoine n’est pas retracée dans les comptes, c’est un défaut majeur du bilan qui nous est présenté.
S’agissant du Parc des expositions, nous souhaitons réitérer notre volonté que la structure métallique historique et le patrimoine remarquable du Hall 1 soient préservés, rénovés et protégés, en demandant leur inscription au titre de monument historique. Et dans la mesure où vous évoquez des grands travaux à seulement moyen et long terme (3 à 5 ans), il est impératif de réaliser des actions de mise aux normes immédiates.
Une autre constatation nous inquiète : tous les projets que vous avez lancés récemment connaissent des dérapages financiers importants : + 50 % pour OnDijon, + 50 % pour la base nautique du lac Kir, + 50 % pour l’école Joséphine Baker… et ce soir, nous découvrons également 50 % d’augmentation pour l’OIV. Sans parler de la Cité de la Gastronomie qui ne devait rien coûter… et qui a finalement coûté très cher en investissement, avec en bonus un budget de fonctionnement de 2 à 3 millions d’euros par an.
Votre politique municipale est centrée sur les opérations de prestige, au détriment de tous les besoins réels de la ville et de la population. À l’image des investissements pharaoniques réalisés pour le football professionnel, pour la CIGV, pour OnDijon et tellement d’autres, les Dijonnais sont en droit de vous demander : « tout ça pour ça ? ».
La sécurité reste le parent pauvre de votre politique municipale, puisque nous n’avons toujours que 72 agents, soit à peine plus qu’en 2012. Cet effectif reste bien inférieur aux besoins, et à la situation de villes de taille comparable. Nous sommes bien loin des 150 agents que nous estimons être le nombre adéquat à Dijon.
L’action foncière est un autre point noir de votre bilan. On peut évoquer la création de nouveaux quartiers mal conçus, mal harmonisés dans leur conception et avec les bâtiments alentour. On retourne presque parfois aux années 60…
Dans ces nouveaux quartiers dont les caricatures sont les zones de l’Arsenal et des Maraîchers, cette urbanisation anarchique se fait malheureusement toujours au détriment des espaces verts.
D’ailleurs, la ville préempte systématiquement tout espace vert non construit en secteur diffus, afin d’accélérer la densification en construisant toujours plus. Si à Paris, vous êtes connu sous le titre de président de la « commission pour la relance durable de la construction de logements », les Dijonnais ont très vite et parfaitement traduit cela en « Monsieur Béton ».
Nous préconisons le choix de nouveaux parcs à Dijon, et que plusieurs projets soient révisés pour privilégier leur création : que le jardin de la maison du Colonel, le verger de Larrey, la partie sud-ouest du parc du Suzon et la dernière tranche de la CIGV soient des espaces végétalisés ouverts au public.
En ce qui concerne l’augmentation des charges des prestations extérieures, nous estimons qu’il faut garder un équilibre entre ce que la ville gère et ces prestations. Il est également important de veiller à la motivation et au bien-être de nos agents. À cet égard, nous souhaitons savoir si vous avez prévu des aménagements particuliers pour adapter les conditions de travail aux périodes de fortes chaleurs qui sont de plus en plus fréquentes.
Nouveaux billets à la CIGV : la ville est-elle toujours aux commandes ?
Nous sommes mal à l’aise avec l’apparition de nouveaux éléments tarifaires pour des billets couplés Expérience Premium JOURNÉE et SOIRÉE, à 99 € et 159 € par personne.
Cela recouvre une prestation essentiellement commerciale, puisqu’il s’agit d’un package dans lequel la part revenant au pôle culturel représente moins de 10 %. Certes, la ville a repris la gestion directe de ce pôle, mais est-elle devenue l’opérateur général de toute la CIGV ?
Cela soulève la question de savoir jusqu’où doit aller la compétence de la ville par rapport aux actions purement privées et commerciales hébergées à la Cité de la gastronomie. Est-ce le rôle de la ville de commercialiser ce type de produit ? Quid de la concurrence déloyale face aux restaurants et bars à vins de la ville de Dijon ?
Hôtel Bouchu/siège de l’OIV : vitesse ou précipitation ?
Monsieur le maire, nous avons deux observations :
1- En ce qui concerne la réhabilitation de l’hôtel particulier Bouchu, dit d’Esterno, nous sommes très surpris par l’ampleur de la révision des coûts et des surcoûts engendrés. Le budget passe de 11,5 à 17,3 millions d’euros TTC, soit une augmentation de plus de 50 %, avec 5,8 millions d’euros supplémentaires.
Cette augmentation résulte d’une modification du programme des travaux, qui pose un problème de respect des monuments historiques, puisqu’il est question de démolir toutes les voûtes du sous-sol de l’hôtel particulier pour les remplacer par des éléments en béton, pour y installer un amphithéâtre d’une centaine de places. Nous nous interrogeons également sur l’opportunité d’une solution de chauffage par géothermie profonde en plein centre de Dijon.
Mais l’explication principale de ces surcoûts tient manifestement aux délais que vous imposez aux entreprises, liés à votre empressement déraisonnable à vouloir finaliser les travaux avant le congrès mondial de la vigne et du vin prévu à Dijon en octobre 2024.
Ces délais ont un coût économique, et ne sont pas non plus compatibles avec la restauration respectueuse d’un monument historique.
Malgré notre soutien à l’implantation du siège de l’OIV à Dijon, nous ne pouvons accepter une telle précipitation et ses conséquences.
2- S’agissant maintenant de l’autorisation de programme « Ambition éducative 2030 », nous aurions souhaité que son volume soit revu à la hausse, en conséquence des dépassements très importants d’ores et déjà constatés sur l’école Joséphine Baker. Il y a urgence à éradiquer massivement et rapidement tous les bâtiments préfabriqués et hors d’âge dans les écoles de Dijon, comme l’ont illustré deux incidents récents à l’école des Marmuzots et à l’école Jean-Baptiste Lallemand qui ont entraîné une fermeture définitive accélérée à cause dans un cas et une fermeture temporaire dans l’autre.
Jardin des Maraîchers : se garder de deux écueils
Vous proposez de racheter pour 4,25 M€, sur l’EPLF de Côte d’Or et sur la SPLAAD, les 7 hectares correspondants à la seconde phase du Jardin des Maraîchers.
Observons tout d’abord que si vous aviez prévu dès le début de cette opération un équilibre entre les espaces de pleine terre et les constructions, nous n’aurions pas besoin aujourd’hui de débourser des montants aussi importants.
L’argument invoqué est de pouvoir conduire un projet multiforme, dont il est difficile à ce stade de cerner les contours mais qui mettrait fin au projet de construction de nouveaux logements et offrirait aux occupants sans titre la possibilité de régulariser leur situation
Ce projet mériterait d’être précisé dans son contenu, de même que les conditions dans lesquelles les occupants actuels du site auront ou non une priorité ou des avantages par rapport aux autres Dijonnais. Soyons clairs : nous sommes défavorables à un scénario qui pourrait être qualifié de “Tanneries III”, par référence à la mise à disposition gratuite pendant 12 ans d’un bâtiment rénové sur une parcelle de près de 5000 m2, aux frais du contribuable.
Nous avons une autre réserve, liée au fait que le PLUI HD n’a jamais été modifié suite à vos annonces, alors même qu’elles sont antérieures au vote définitif et que ce plan a été modifié en 2022.
Restauration du char Sherman, dit “Duguay-Trouin”
1/ Ce char de type Sherman, fabriqué par les américains pour les armées alliées, appartenait au deuxième régiment de cuirassiers, débarqué le 15 août 1944 dans la baie de Saint-Tropez. 274 chars Sherman M4A4 ont été attribués à l’armée française pour équiper quatre régiments.
2/ S’il n’a pas participé directement à la libération de Dijon, il aurait dû y être le 11 septembre 1944 avec les chars de son escadron et de son régiment, s’il n’avait pas été bombardé quelques jours avant près de Beaune.
Le 6 septembre sur la route de Tailly, à l’Est de Meursault, le DUGUAY-TROUIN est touché par deux obus d’une pièce antichar allemande située à 1200 mètres environ, à l’est de Meursault.
Les trois occupants de la tourelle seront tués : Sous-Lieutenant Antoine Cattanéo, Brigadier-Chef Alexis Petitbon (Tireur), René Delaporte (Chargeur). Nous ne leur rendrons jamais assez hommage.
Ce char présente un grand intérêt historique pour notre histoire locale et nationale, en raison de son engagement dans la libération de notre territoire, des stigmates du combat qu’il conserve et des trois mors pour la France à son bord.
3/Le chanoine Kir avait demandé au maire de Tailly de lui prêter pour l’exposer à Dijon. Installé place du 1er mai entre 1948 et 1958, puis place d’Estienne-d’Orves depuis 1958. Sous la municipalité de Robert Poujade, il a été déclassé des stocks de l’armée pour devenir propriété de la ville de Dijon. Il a été ensuite inscrit monument historique au titre de l’objet depuis le 20 août 1992.
4/ Ce char était encore en parfait état en 2004, lors de la pose d’une plaque commémorative par la ministre aux anciens combattants. Nous ne pouvons que regretter que la municipalité actuelle l’ait laissé se détériorer au fil du temps, sans précautions ni entretien approprié et nous interroger à la lumière de cet exemple sur sa politique de conservation du patrimoine.
5/ Bravo dans ce contexte à l’initiative prise dans le cadre du plus grand musée de France, par la Fondation pour la Sauvegarde de l’art français représentée par son délégué en Côte-d’Or M. Bernard Sonnet associée à deux étudiantes en l’histoire de l’art à l’Université de Bourgogne, mesdames Emeline Marcand et Solène Pfauwathel, pour avoir sélectionné ce projet l’avoir proposé à la municipalité dijonnaise. Nous souscrivons bien évidemment à cette étude préalable, d’un montant de 6 216 € TTC, en vue de la restauration et de la préservation future de ce char. Il importe que cette étude débouche sur un programme de restauration, mais aussi sur des modalités de conservation plus conformes à sa valeur historique.
Une démocratie pas si participative
Le constat du fonctionnement des ateliers de quartiers est globalement décevant. La fréquentation est faible. La démocratie interne n’est pas toujours respectée, les règles sont méconnues et changent souvent dans leur application, et le public n’est guère associé. Les budgets participatifs ont pu permettre de faire aboutir quelques projets intéressants, mais le bilan reste mitigé et de faible portée. Tout ceci doit être mis en regard du nombre de fonctionnaires de qualité mobilisés pour faire vivre un dispositif très lourd.
Les amendements proposés ne sont malheureusement qu’un rafistolage qui renforce encore le sentiment d’une usine à gaz et qui ne changera pas le fond du problème.
En réalité, tout semble organiser pour encadrer la démocratie de proximité selon les souhaits de la municipalité, en limitant le spectre des sujets qui peuvent être discutés. Les sujets les plus importants ou les plus urgents dans un quartier ne peuvent bien souvent pas être évoqués ni traités. Nous proposons un changement radical, consistant à revenir à l’esprit de la loi de 2002 relative à la démocratie de proximité. Il faut revenir à de véritables conseils de quartier, ouverts à tous les habitants et pouvant débattre de tous les sujets, y compris les sujets les plus importants pour le quartier : sécurité, urbanisme, transports…. La démocratie de proximité ne doit pas faire peur. Les Dijonnais sont désireux de pouvoir être entendus et s’impliquer. Elle n’est pas un problème, mais une solution.
Labellisation “Villes Amies des Aînés” : les aînés attendent plus qu’un label
Comme nous l’avons déjà évoqué sur d’autres sujets, la municipalité de Dijon est très attirée par les labels et cherche à tous les intégrer. Malheureusement, un label n’est pas garant d’une action, et sûrement pas d’un résultat.
À Dijon, la situation des aînés ne dépend pas – je cite les termes de ce rapport – de « comités de pilotage », de « séminaires », de « déploiement d’une stratégie de mise en œuvre ». Ces mots n’ont aucun sens concret et ne servent qu’à flatter un égo bien loin du terrain.
Car lorsque vous leur parlez librement – ce que je fais quotidiennement dans le cadre de ma forte implication à l’Observatoire de l’Âge -, vous comprenez rapidement que les problématiques relatives aux aînés sont très simples. Il s’agit de l’isolement, de la sécurité et de la tranquillité.
Tous – et je dis bien tous – vous diront qu’ils ont peur de se faire percuter sur un trottoir par un vélo ou une trottinette. Nombre d’entre eux vous diront que les rues ne sont pas assez sécurisées à partir d’une certaine heure. Certains ajouteront que les changements sans concertation sur des lignes de bus les empêchent d’aller librement au centre-ville. La plupart vous expliqueront qu’ils ne peuvent plus dormir à cause des incivilités dans leur quartier.
Quand on les écoute réellement, on se rend surtout compte du fait que ces problèmes relèvent de la gestion normale de la ville. Que ces problèmes concernent également les parents de jeunes enfants, les personnes handicapées ou fragiles, et finalement la quasi-totalité des Dijonnais. Qu’ils ne sont pas une population « à part », qui nécessite des audits ou des labels, mais une action tangible et efficace.
Nous ne nous opposons pas à cette demande le labellisation, car toute visibilité est bonne à prendre, mais nous sommes tout à fait conscients de son utilité très limitée, et surtout du désintérêt que ce label suscitera auprès des premiers concernés : nos aînés.