Jeudi 8 février 2024
Le déménagement des EHPAD du Port du canal et des Marguerites mi-janvier 2024 sur le site de l’ancienne usine Terrot, et leur fusion pour former « Les Jardins de Voltaire – Paulette Guinchard », a mis en évidence de lourds problèmes latents dans les trois EHPAD dijonnais placés sous la coupe d’un établissement public municipal, l’EPCAPA.
Sur proposition de l’EPCAPA, les résidents ont découvert en début d’année une hausse du tarif de base de 228,3 € par mois*, alors que 90 € avaient été annoncés lors des réunions d’information de juin 2023. Cette hausse de 10,44 % est d’autant plus surprenante que les résidents relogés ont perdu en superficie par rapport aux T1 que la plupart occupaient. Elle s’applique également aux résidents des Bégonias, pas concernés par le déménagement. Quant aux occupants des chambres individuelles du rez-de-chaussée des Marguerites, ils subissent eux une hausse de 634,5 € par mois (+ 35,6 %) !
Le tarif de base des EHPAD de la ville de Dijon s’élève ainsi pour 2024 à 2 414,7 € par mois*, avec une fourchette jusqu’à 2 913 € pour les personnes les plus dépendantes. Il se classe parmi les plus chers de la Côte-d’Or, hors structures privées. En 2024, 39 établissements publics ou à but non lucratif, dont plusieurs sur Dijon ou son agglomération, proposent des tarifs moins élevés.
La situation financière de l’EPCAPA est préoccupante. Le directeur a évoqué publiquement un déficit d’un million d’euros. La situation pourrait même être pire. Lors de la présentation du budget 2023, il était question d’une fourchette de 1,6 à 2,7 M€ de déficit, selon les scénarios. Certes, la vente des sites des Marguerites et du Port du canal procurera des recettes, encore incertaines, mais il a fallu financer les dépenses d’équipement du site Terrot (1,8 M€) et il faudra acquitter chaque année le loyer du nouvel immeuble, propriété de CDC Habitat, qui serait d’environ 1,2 M€ par an selon nos estimations.
Les préoccupations portent aussi sur la dégradation du service rendu aux résidents, malgré la bonne volonté du personnel. De nombreux exemples, plus ou moins graves, sont signalés par les familles, du point de vue de l’hygiène, du manque de disponibilité ou du suivi personnalisé. Certains résidents ont perdu leurs repères avec le déménagement, ce qui nécessiterait un accompagnement temporaire. Enfin, le nouvel EHPAD qui compte 165 places ne disposerait d’un médecin coordonnateur qu’à concurrence de 30 % d’un temps plein, ce qui paraît très insuffisant.
Autre souci, pratique celui-ci : la difficulté de se garer dans le quartier. Il n’y a pas de places de stationnement dédiées aux visiteurs qui viennent en voiture. Dans la note d’information de juin 2023, la direction déclarait vouloir « tenter de négocier avec la ville de Dijon » pour trouver une solution. Expression surprenante, qui en dit long sur la discrétion des élus de la ville, pourtant aux commandes de cet établissement public.
Au vu des indications dont nous disposons sur la situation financière de l’EPCAPA et des mauvais retours qui se multiplient sur la dégradation de la qualité de service rendu, nous demandons qu’une évaluation des activités et de la qualité des prestations soit réalisée dans les meilleurs délais par un organisme externe accrédité à cet effet, selon le nouveau référentiel national, et qu’un audit financier soit effectué par une autorité de contrôle. Nous souhaitons que les résultats soient rendus publics et présentés au conseil municipal de Dijon.
*Les tarifs des EHPAD sont habituellement présentés pour un mois de 30 jours, le cas le plus fréquent.
Groupe municipal Agir pour Dijon
Président Emmanuel BICHOT,
vice-présidente Laurence Gerbet
Photo CDC Habitat