Projet hydrogène de Dijon métropole en panne : arrêtons les frais !

Jeudi 1er février 2024

Les propos du vice-président de la métropole chargé de la transition écologique dans le journal Les Échos, mardi 29 janvier, confirment l’ampleur du désastre : le grand projet hydrogène de Dijon métropole, présenté comme le plus ambitieux en France voire en Europe, est bel et bien en panne.

Non seulement les délais ne sont pas tenus pour les livraisons des électrolyseurs, bennes à ordures ménagères et bus à hydrogène, avec près de deux ans de retard, mais le matériel qui est arrivé ne fonctionne pas.

À ce stade, un seul électrolyseur sur les deux prévus a été livré mais dysfonctionne, les deux premières bennes à ordures ménagères d’une série de quatre sont arrivées en décembre pour des essais, le premier bus d’une série de seize n’est pas attendu avant mai 2024 et l’acquisition de véhicules légers fonctionnant à l’hydrogène n’est plus d’actualité. Le déploiement du projet est très en retard par rapport au calendrier prévu dans le mandat en cours (2020- 2026) et à l’ambition de convertir à l’hydrogène, d’ici 2030, l’intégralité des flottes de véhicules lourds de la métropole, soit 44 bennes à ordures ménagères et 180 bus, tout en prenant en charge la production et la distribution d’hydrogène.


D’autres collectivités ont déjà fait machine arrière : Montpellier a annulé en 2022 une commande de 51 bus à hydrogène après avoir fait ses calculs, la communauté d’agglomération de Pau vient d’annoncer en novembre 2023 stopper toute nouvelle commande de bus à hydrogène auprès du même fournisseur belge que Dijon, en raison des soucis d’exploitation. Dans les deux cas, les bus électriques sont désormais préférés.

Nous avions demandé une étude comparative entre les solutions hydrogène, électrique et biogaz pour la métropole de Dijon, qui reste plus que jamais nécessaire pour arrêter une cible de mix énergétique des flottes de véhicules lourds et une programmation réaliste tenant compte de la durée de vie des véhicules, notamment les 102 bus hybrides Heuliez de 2012.

Outre les problèmes industriels et techniques, l’hydrogène est la solution la plus coûteuse en investissement, en exploitation et en maintenance, avec la plus mauvaise efficacité énergétique. Nous avons constaté, dans les comptes de la métropole, un surcoût de l’hydrogène de 43 % par rapport à l’électrique pour l’achat de bennes à ordures ménagères. Le coût total du projet hydrogène de la métropole, présenté en 2021, est d’environ 200 millions d’euros en investissement d’ici 2030 : un gouffre financier !

L’hydrogène présente en outre des risques pour la sécurité, en cas d’accident ou d’acte malveillant.

Enfin, dans le projet dijonnais, l’imposture écologique est de faire tourner à plein régime l’incinérateur de déchets ménagers, plus gros émetteur de gaz à effet de serre de la métropole, pour produire un hydrogène prétendument vert.

Il est urgent d’arrêter les frais et de surseoir à toutes nouvelles commandes, de remettre en cause une stratégie qui relève de la mégalomanie, et de revenir à des solutions réalistes et raisonnables.

Groupe et mouvement Agir pour Dijon
Président Emmanuel BICHOT,
vice-présidente Laurence Gerbet

Photo LBP/Sébastien GRACIOTTI